Cette année encore, 12 jours d’action

Aimée Lévesque, membre du comité féministe du SEECR

 

Cette année, le thème des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes est on ne peut plus d’actualité avec la lutte que nous menons en tant que syndicat : « Précarité genrée, violences ignorées ».

Lorsqu’on parle de la violence faite aux femmes ou de la violence genrée, on pense généralement à la plus visible des formes de violence, soit la violence physique, qui peut aller jusqu’au féminicide. La campagne se termine d’ailleurs chaque année le 6 décembre, en commémoration des victimes du féminicide de Polytechnique de 1989. Puis, on pense peut-être, se rappelant le documentaire Je vous salue salope de Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist présenté l’an dernier dans le cadre des 12 jours, à la violence psychologique, dont le cyberharcèlement est une forme contemporaine et, sans mauvais jeu de mots, particulièrement virulente.

Cette année, ce sont des violences qu’on identifie moins facilement comme telles qui font l’objet de la campagne, nous forçant ainsi à les réfléchir d’une nouvelle manière : la précarité et la pauvreté, des violences systémiques qui touchent trop souvent les femmes, les personnes non binaires, les personnes trans ainsi que les personnes minorisées pour d’autres raisons que leur genre, avec, dans une perspective intersectionnelle, un impact encore plus fort sur les personnes se situant à la croisée de plusieurs oppressions. 

Comme enseignant.es, nous savons que « la précarité n’est jamais un choix individuel ». Pourtant, lorsque, en tant que société, nous persistons dans un discours néolibéral vantant la méritocratie et les self-made men (le genre ici n’est pas anodin), nous participons à invisibiliser l’impact réel des violences économiques et les inégalités systémiques qui en sont la cause. Nommer ces violences et les lier au genre (c’est-à-dire aux personnes qui les vivent de façon disproportionnée) permet de voir à quel point nous tenons un discours individualisant là où c’est d’un filet social tissé plus serré dont nous avons besoin, et non de plus d’injonctions (comme celle de mener de front une carrière réussie tout en étant une mère, belle-mère ou tante exemplaire qui arrive à garder son logis impeccable).

Rappelons-nous pour quelles raisons nous luttons, et à l’instar des organisateurices de la campagne des 12 jours, réfléchissons à ce que nous tolérons depuis trop longtemps comme société : 

  • « que les travailleuses et travailleurs de la fonction publique soient exploités »;
  • « que plus de la moitié des Québécoises aient un salaire annuel inférieur à 30 000$ et que nos représentantes et représentants à l’Assemblée nationale s’offrent une augmentation salariale de ce montant »;
  • « que les personnes trans et non binaires doivent vivre dans un climat de violence et de stigmatisation constant qui les marginalise et engendre de multiples discriminations à l’emploi »;
  • « que des victimes de violence conjugale ne puissent pas sortir de relations violentes par manque de moyens »;
  • « que des humains aient à choisir entre se nourrir ou se loger »;
  • « que l’accès à des services éducatifs à l’enfance soit difficile et que les parents s’appauvrissent »;
  • « que les peuples autochtones soient toujours considérés comme des mineurs incapables de gérer leur argent »;
  • « que des aînées doivent vivre dans des conditions de misère extrême et de maltraitance financière »;
  • « que des milliers de femmes sans statut soient maintenues dans des conditions de précarité extrême ».

Source des informations et des citations : https://www.12joursdaction.com/campagne 

Pour en savoir plus sur les violences économiques, sur la situation des femmes et des minorités de genre de notre région ainsi que sur les organismes qui luttent contre la précarisation, la pauvreté et les autres formes de violences genrées, rendez-vous le mardi 5 décembre entre 11 h et 13 h devant la cafétéria. Divers kiosques seront là pour vous informer.