Négo et nouveau gouvernement : what the CAQ?

Philippe De Carufel, responsable de la coordination et des pratiques syndicales

 

Nous le savons : dans le dernier quart de siècle, les gouvernements qui se sont succédé ont pour la plupart négligé l’éducation en ne la finançant pas suffisamment. Malgré cela, les profs, le personnel professionnel et le personnel de soutien ont réussi à tenir à bout de bras tout un système jusqu’à ce que la pandémie nous en révèle toutes les lacunes, de l’état des bâtiments jusqu’aux services qu’on est difficilement en mesure d’offrir aux étudiantes et aux étudiants en difficulté. Pendant deux ans, nous avons parlé des problématiques évidentes, nous avons souligné à grands traits les défis auxquels nous faisons face avec le système actuel abîmé par des décennies de négligence et de carences. Jusqu’à ce que la crise économique actuelle prenne toute la place dans toutes les tribunes et vienne légitimer le désintérêt collectif, comme si l’éducation n’était pas intimement liée à l’économie de demain.

Les récentes élections remportées par la CAQ nous forcent à nous demander ce que nous pouvons espérer du gouvernement en place. Les enseignantes et les enseignants attendent évidemment du premier ministre des actions concrètes qui leur permettront de se concentrer sur l’essentiel de leur engagement, l’enseignement.

Simple de même.

On le demande depuis toujours, remarquez. Qu’est-ce qui nous laisse croire que ce coup-ci le gouvernement fera preuve d’écoute ?

Don’t know pas savoir, surtout quand on se rappelle que lors des élections de 2018, la CAQ avait fait de l’éducation un enjeu prioritaire. Et nonobstant la pandémie, on a vu et vécu ce que ç’a donné, han. Alors, que pouvons-nous espérer d’un gouvernement maintenant fort d’une majorité, qui a à peine effleuré dans sa récente campagne tous les enjeux qui nous préoccupent ? Même si à ce stade-ci, nous savons sur quoi il faut agir et que le moment est à l’action, il est difficile d’envisager les priorités de la CAQ si elles n’ont pas été nommées.

L’Alliance des syndicats des professeures et des professeurs de cégep (ASPPC), qui représente l’ensemble du personnel enseignant des cégeps du Québec, nous permet d’aspirer à une plus grande valorisation de la profession et à une amélioration des conditions d’exercice de la profession. Ne nous laissons pas décourager par la majorité augmentée artificiellement du présent gouvernement, servons-nous-en plutôt comme d’une source de motivation pour une mobilisation forte.

L’automne avance bien, tout comme la session progresse rapidement. À l’instar du SEECR, les syndicats de tous les cégeps ont été consultés en septembre. Les avis des membres sur les propositions ont été entendus et les retours des AG ont été colligés, discutés, débattus et amendés autant pour le sectoriel que l’intersectoriel. Moment important dans le processus actuel de négo d’ailleurs, le cahier initial du sectoriel sera déposé auprès du Comité patronal de négociation des collèges (CPNC) ce vendredi. Ce n’est qu’un début, mais cela demeure un début fort : le cahier de demandes est collectif et rejoint l’ensemble des enseignant.es du collégial ; il est harmonisé et unanimement reconnu comme représentatif de nos attentes, illustrant les difficultés vécues par les profs et se reposant sur notre expertise pour définir des solutions structurantes.

Maintenant que nous tenons convenablement notre raquette, le match peut commencer. On vient d’envoyer notre 1er service, voyons voir le genre de coup que nous renverra la CAQ.