Textes de la bourse Germaine-Santerre

Audrey Thériault, responsable des communications, de la mobilisation et de la gestion interne

 

Grâce à vos dons, le Comité du 8 mars remettra, lors du Gala de la réussite, une bourse de 500 $ en l’honneur de madame Germaine Santerre, qui a contribué à la mise sur pied des Services aux étudiants de notre cégep en 1967. Les gens qui l’ont connue soulignent tous sa générosité inépuisable, sa volonté acharnée d’améliorer le sort des plus démunis et son inlassable implication dans le milieu. Ils se rappellent aussi les luttes qu’elle a menées sans relâche pour la reconnaissance des droits et des besoins des étudiantes et des étudiants.

Chaque année, la bourse Germaine-Santerre est donc remise à des étudiantes qui, malgré des conditions défavorables, savent se montrer fortes et déterminées dans la poursuite de leurs études et la prise en charge de leur avenir. Les candidates doivent rédiger deux textes. Dans le premier, elles doivent se présenter et décrire leurs conditions de vie particulières. Dans le deuxième texte, elles doivent proposer une interprétation réelle ou fictive du thème de la Journée internationale des droits des femmes. Cette année, le thème était « Résistances féministes ». Ce deuxième texte a été lu sur la scène des Bains publics lors du rassemblement créatif du 8 mars.

Cette année, la récipiendaire de la bourse est Ariane Verreault, étudiante en Technologie de l’échographie médicale.

Pourquoi les résistances féministes ont-elles encore leur place ? Parce que malgré les avancées de la condition féminine, l’équité entre les hommes et les femmes est loin d’être acquise. Parce que le chemin pour l’atteindre n’est qu’entamé. Parce que nos mentalités sont dépassées. Les inégalités sont toujours innombrables. Pensons par exemple à l’écart salarial important entre les domaines féminins et masculins et au manque flagrant de reconnaissance des milieux traditionnellement féminins (ce sont des vocations pour elles, pas du travail acharné).

Il est aussi important de mettre en évidence l’insidieuse et omniprésente charge mentale qui pèse plus souvent qu’autrement sur les épaules des femmes. Lorsqu’on se met en couple, à qui reviennent la planification des repas et la liste d’épicerie ? Qui est responsable de la planification des tâches ménagères, du lavage, du pliage, du ménage ? C’est normal, les femmes sont meilleures pour ça. Qui planifie les vacances et fait les réservations ? Et arrivent les enfants. C’est maman qui pense aux rendez-vous, aux inscriptions à l’école et aux activités. C’est à elle de penser au lunch froid pour la sortie et de vérifier si le sac est complet. Elle connaît l’inventaire de tous les tiroirs, sait où tout se cache. Talent ou obligation ? Ce ne sont que très peu d’exemples de tout ce que la gestion du foyer implique. C’est épuisant. Et lorsqu’on est chanceuse, on a un conjoint impliqué qui partage l’exécution des tâches à condition que la tâche soit planifiée.

Nous avons un chemin à parcourir en tant que société parce qu’on pense que c’est normal. Et quand on se sent dépassées, qu’on n’y arrive pas, on pense que c’est nous le problème ! La planification et l’anticipation, ce n’est pas un trait génétique particulier des femmes. Les hommes ont les mêmes capacités, seulement moins de pratique. Partageons notre charge. Laissons-les pratiquer.

Le comité 8 mars a aussi eu un coup de cœur pour un des textes soumis, qui nous semblait particulièrement correspondre à la description du thème de cette année, soit la résistance par l’amour et la solidarité. Nous tenions donc à vous partager ce texte, rédigé par Emmy Karcher, étudiante en Techniques d’éducation spécialisée.

S’opposer, respirer

S’opposer, encore

Se rallier à d’autres femmes 

Encore et encore s’opposer

S’opposer pour un salaire égal

S’opposer pour les mêmes droits

S’unir, ensemble en tant que femmes

S’unir, encore et encore pour crier encore plus fort

Seule, ma voix est forte, ensemble nos voix vont plus loin

S’unir sans accros, s’unir pour abattre la société cisgenre d’homme blanc supérieur !

S’unir ensemble pour abattre la masculinité toxique

À quoi bon se battre sans cesse ?

Envie d’abandonner et de tout laisser tomber

Unissez-vous à moi

Seule, je ne suis rien

Mais avec vous je suis quelqu’un

Unissez-vous à moi pour crier haut

 Que nous, femmes, voulons nous battre

Ensemble, nous irons loin

Ensemble, nous pouvons crier encore plus fort

Nous méritons d’être écoutées

Nous méritons de continuer à nous battre

Il est anormal qu’en 2023, nous ne soyons pas traitées comme les hommes

Il est anormal qu’en 2023, les femmes se fassent siffler dans les rues, encore

Il est anormal qu’en 2023, un homme ne puisse toujours pas pleurer en public

Il est anormal qu’en 2023, un petit garçon ne puisse pas jouer à la poupée

Comme si apprendre à être un bon père faisait de lui une tapette

Il est anormal qu’en 2023, une petite fille ne puisse pas jouer aux voitures

Comme si cela faisait automatiquement d’elle une butch, une gouine

Battons-nous ensemble pour l’équité de tout le monde

Ensemble, soyons humains

Ensemble, soyons meilleurs

Soyons féministes, ensemble

Ensemble, hommes, femmes, enfants

Ensemble, opposons-nous à la société patriarcale

Soyons égaux, soyons fiers

Soyons nous-mêmes