Y en aura pas d’facile

Hugo Boulanger et Benoît Collette, responsables de l’application de la convention collective

Comme disait l’ancien entraîneur du Canadien, Claude « Piton » Ruel : Y en aura pas d’facile… Cette célèbre citation s’applique malheureusement très bien à l’actuel trimestre pour beaucoup d’entre nous. En plus de la consultation officielle que nous avons réalisée en début de trimestre et des quelques assemblées générales, nous avons eu plusieurs discussions informelles, au cégep ou ailleurs, avec plusieurs membres, et le constat est on ne peut plus clair : il y a un sentiment généralisé de fatigue et de surcharge de travail. La suspension des cours, la réorganisation de l’enseignement et la constante menace d’un reconfinement n’améliorent certainement pas la situation. On nous demande de garantir un enseignement de qualité dans des conditions difficiles, et la Machine administrative© continue de rouler comme si de rien n’était.

Pour celles et ceux qui ont besoin d’exemples concrets en ce qui concerne l’alourdissement de la tâche, en voici quelques-uns :

  • Faire sa planification en début de session. La refaire après le changement de mode de prestation. La refaire encore parce que la capacité des locaux n’est pas suffisante pour accueillir les élèves. La refaire à nouveau après la PREMIÈRE éclosion;

  • Devoir enseigner et évaluer l’ensemble des éléments de compétences en quatorze semaines au lieu de quinze;

  • Vivre dans l’angoisse de ne pas savoir si notre plan de match tiendra jusqu’aux Fêtes;

  • Donner ses cours à distance à des groupes nombreux (souvent plus de 30 élèves), et ce, sans compensation alors qu’il est généralement établi que le nombre optimal de participantes et de participants virtuels se situe quelque part entre 12 et 18;

  • Devoir constamment restructurer son enseignement en fonction du mode de prestation choisi ou imposé par les normes sanitaires;

  • Apprendre à se servir des plateformes offertes comme Zoom, Moodle et LÉA;

  • Se casser la tête pour trouver des capsules vidéo crédibles illustrant nos propos ou, à défaut de mieux, se métamorphoser en comédien de série C et les faire soi-même;

  • Devoir se réinventer afin de devenir une personne capable de parler toute seule pendant 1 ou 2 heures tout en captant l’attention des élèves;

  • Constituer des banques de questions en ligne à des fins formatives ou sommatives;

  • Organiser des rencontres individuelles en mode virtuel pour l’accompagnement et l’encadrement des élèves;

  • Répondre aux nombreuses interrogations des élèves qui nous envoient des Mio 7 jours sur 7;

  • Remodeler les activités pratiques afin de trouver des façons créatives de pouvoir mesurer l’atteinte des compétences à distance;

  • Essayer de se familiariser avec les outils de correction virtuels et constater que ça prend beaucoup plus de temps que prévu. Se dire finalement que le bon vieux combo papier-crayon faisait bien le travail;

  • Faire imprimer les copies à des fins de correction. Numériser ensuite les travaux corrigés et les rendre disponibles pour les élèves;

  • Devoir composer avec les éventuelles quarantaines qui seront imposées aux tout-petits qui auront le malheur de se présenter à l’école avec un vilain rhume.

La convention collective définit clairement la tâche enseignante (article 8-3.00), qui peut être séparée en trois volets : l’enseignement et les activités connexes (préparation, correction, encadrement, etc.), les activités secondaires (coordination départementale, perfectionnement, développement institutionnel, etc.) et les activités liées à la vie pédagogique des programmes (formation pédagogique, assistance professionnelle, etc.). Dans le contexte hors de l’ordinaire où nous enseignons, étant donné qu’il faut que nous adaptions tous nos cours pour l’enseignement à distance, toutes les activités qui ne sont pas directement liées à l’enseignement deviennent une surcharge. Bref, ce n’est pas dans vos têtes.

Suspension des tâches administratives et reconnaissance de la surcharge de travail

C’est une des raisons pour lesquelles l’Assemblée générale a voté le boycott de certaines tâches administratives, le 8 septembre. La Direction des études a entendu le message et a annoncé la suspension, pour l’année en cours, des plans de travail, des processus de modification des grilles de programme, des travaux de modification des plans-cadres (sauf pour les programmes en implantation) et des travaux de consultation sur la Politique institutionnelle de gestion des programmes d’études (PIGPE).

Ceci est une première étape, mais le Comité de coordination syndicale (CCS) a aussi demandé une reconnaissance formelle de la surcharge dans le calcul de la charge individuelle (CI) de l’automne. La méthode de calcul de la CI contient plusieurs paramètres, comme le nombre de préparations différentes, le nombre d’élèves et le nombre d’heures contact. Or, aucune différence n’est faite entre l’enseignement en classe et l’enseignement à distance, même si ce dernier mode d’enseignement entraîne un nombre accru d’heures de préparation, par exemple, ou de temps de correction.

Programme d’aide au personnel (PAP)

Par ailleurs, la dégradation des conditions de travail que nous vivons et la détresse exprimée par plusieurs personnes et plusieurs départements nous font réaliser toute l’importance d’avoir un service d’aide au personnel suffisant et adéquat. On se rappellera qu’au printemps, la Direction avait choisi d’opter pour les services de la firme Morneau Sheppell pour assurer les services en l’absence de la psychologue du service d’aide. La psychologue est revenue offrir ses services en présence au cégep, mais il faut que le service d’aide puisse répondre aux besoins. Dans le contexte actuel, où plusieurs enseignantes et enseignants font du télétravail et ne sont pas physiquement au cégep, le risque d’isolement est bien présent. 

En conclusion, prenez soin de vous, en attendant des jours meilleurs. Sérieusement. Et n’hésitez pas à nous écrire (seecr@cegep-rimouski.qc.ca) ou à nous appeler (poste 2176) si vous avez des questions ou si vous souhaitez nous faire part d’une situation problématique.