Bourses Germaine-Santerre - nos deux lauréates

Chaque année, le personnel du Collège de Rimouski souligne les efforts d’étudiantes qui savent se montrer fortes et déterminées dans la poursuite de leurs études et la prise en charge de leur avenir. La bourse Germaine-Santerre vient donc donner un coup de pouce à ces étudiantes qui, malgré des conditions de vie difficiles, font preuve de persévérance.

 

Cette année, c’est avec grand plaisir que le Comité du 8 mars décerne la bourse à deux étudiantes : Yza Isbayene, étudiante en Sciences de la nature au CMÉC, et Tatiana Miath, étudiante en Techniques d’éducation spécialisée au Cégep de Rimouski. 

 

Les deux lauréates ont dû joindre à leur dossier de candidature un texte relié à «L’avenir est féministe», le thème de la Journée internationale des droits des femmes 2022. Nous vous les présentons avec grand bonheur.

 

L’avenir est féministe
par Yza Isabayene  

Après tant d'années d'acharnement au combat, les femmes ont gagné de nombreuses batailles: le droit de travailler, le droit de vote, le droit à l’avortement, etc. 

Mais, tout n’est pas gagné pour autant. Les insultes sexistes continuent de se perpétuer. Lorsqu’on est une «fillette», c’est qu’on est faible, alors qu’« agir comme un homme », c’est être fort. Les victimes de viol se font encore trop souvent poser des questions qui sous-entendent qu’elles sont responsables de leur agression. Qu’est-ce que tu portais? Quelle heure était-il? Que faisais-tu à cet endroit? Les hommes, de leur côté, peuvent se promener torse nu, où ils veulent, et continuer à se sentir tout à fait en sécurité. Dans plusieurs métiers, les femmes continuent d’être moins payées que les hommes. Dans certaines professions, comme en politique et dans l’armée, les femmes peinent toujours à se faire une place et à être respectées. 

Malgré tout ça, je constate que les nouvelles générations prennent la parole pour dénoncer les violences qu’elles vivent. La peur et la honte se dissipent petit à petit. Chaque femme qui prend la parole facilite le chemin pour les suivantes. Je vois un avenir où l'on ne se contentera pas de se dire égales simplement parce qu’on a des droits égaux, ce qui est le strict minimum. L’égalité ne s’arrête pas au droit de vote. Je vois un monde où le féminisme va disparaître. Non pas parce que les inégalités règneront, mais plutôt parce qu’il n’y aura plus d’inégalités, plus de combat à mener, plus de revendications, plus de besoin d’être féministe. 

 

Mes chères filles
par Tatiana Miath 

Mes chères filles, 

Maman vous lègue son expérience comme assise, faites-en ce que vous voulez, mais sachez  que c’est ce que j’ai de plus précieux. J’ai grandi dans une famille où la femme est le pilier du  foyer. Elle procrée, elle éduque et assure l’image parfaite de la famille dite « parfaite ». Aussi loin que je me rappelle, on ne m’a jamais expliqué que je pourrai un jour devenir présidente du  pays, cheffe d’entreprise, pilote, ou encore mon propre patron. Non ! Je devais être une  institutrice ou une secrétaire. Aujourd’hui, à 44 ans, je vous ai, vous. Deux belles jeunes filles en qui je crois. Je vous élève seule avec comme unique bagage mon expérience de vie.  

 

Ma soif de savoir m’a permis d’être la première de ma famille à faire des études supérieures.  Et quelles études, les filles ! Maman est allée étudier en Histoire de l’art, des études dépourvues  d’intérêt pour vos grands-parents. Ces études ont alimenté ma curiosité et m’ont conduite aux  quatre coins du monde. Une expérience qui me permet de vous offrir une éducation basée sur une vision globale du monde. Une éducation qui vous permet de vous exprimer, de vous émouvoir,  de vous respecter et de prendre position sur des sujets qui vous sont importants. Mais surtout : une éducation basée sur la connaissance comme levier permettant de façonner un avenir  progressiste pour vous mais aussi pour vos amies. Un avenir féminin comme votre condition  de femme de demain. Un avenir où votre authenticité féminine vous permettra de faire la  différence décisionnelle d’un demain avec plus d’égalité dans les changements sociaux à venir. Je vous demande de croire en vous, et surtout de rêver à un monde où votre place ne sera plus définie par votre sexe de naissance mais par vos choix. 

  

Maman