L’AG du 20 septembre, ou quand les négos repartent de plus belle

Philippe De Carufel, responsable de la coordination et des pratiques syndicales

 

L’encre sur les pages de notre convention collective vient tout juste de sécher, je sais. Même si la plupart d’entre nous avons à peine eu l’occasion de feuilleter la chose pour bien prendre la mesure des gains arrachés au terme de deux années de négociations ardues avec un gouvernement peu réceptif, voilà qu’on doit à nouveau reprendre le chemin des négos en vue de notre prochain contrat de travail. 

Et il faut se le dire : si nous étions tous et toutes contents d’en arriver à une entente en décembre dernier, celle-ci était possible seulement parce que notre vin goûtait beaucoup trop l’eau. Bien que la dernière ronde de négociations ait été particulièrement éreintante notamment en raison de la crise sanitaire et de la stratégie patronale qui cherchait à nous diviser, c’est avec détermination que nous relevons nos manches et commençons un nouveau chapitre de notre travail syndical qui valorisera et améliorera les conditions d’exercice de la profession enseignante. 

Ambitieux de même, ni plus ni moins. 

Le 20 septembre prochain, l’assemblée générale du SEECR sera l’occasion de recevoir Mme Nadine Bédard-St-Pierre, porte-parole du comité de négociation de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ) et M. Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ. Il et elle seront des nôtres non seulement pour aborder les thématiques sectorielles, mais aussi pour présenter l’ébauche du projet de dépôt intersectoriel, projet ambitieux quoique réaliste qui met de l’avant 6 grandes propositions sur lesquelles vous serez appelé à voter. Puisque les thématiques sectorielles ont été brièvement citées dans la dernière Riposte, attardons-nous ici à l’intersectoriel, le front commun:

 

1. Le salaire

La hausse des taux d’intérêt, le prix de l’essence qui s’emballe, l’épicerie qui coute de plus en plus cher malgré nos stratégies d’économies… On le sait, on le vit et on le subit : l’inflation atteint des niveaux records et si nos dépenses augmentent de façon surprenante, nos conditions salariales, elles, ne suivent pas du tout la même courbe. Le 20 septembre, il vous sera proposé d’ajouter dans notre projet de dépôt qu’au 1er avril de chaque année, chaque taux et chaque échelle de traitement soient indexés selon le taux d’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC) pour l’année précédente (du 1er janvier au 31 décembre). Cela nous permettrait d’amorcer un rattrapage, d’améliorer l’attraction et la rétention en début de carrière et de protéger le revenu de base face à l’inflation. 

2. Les conditions de travail et de pratique

En bonifiant nos conditions salariales, nos conditions de travail et de pratique, l’argumentaire autour de cette revendication auprès du Conseil du trésor vise l’obtention d’investissements significatifs visant l’amélioration des conditions de travail. Nous savons où le bât blesse et nous porterons ces enjeux aux tables de négo; encore faut-il avoir une marge de manœuvre financière et des mandats pour articuler les solutions qui seront négociées aux tables sectorielles.

3. La retraite

Je ne vous apprends rien en vous disant que nos vieux jours n’ont pas été sécurisés dans la dernière convention. Pour faire progresser le dossier, il vous sera proposé d’inscrire dans notre cahier de dépôt une proposition visant l’amélioration de la retraite progressive, notamment en allongeant la durée maximale de (5) cinq à (7) sept ans et en y ajoutant la possibilité de poursuivre au-delà de la durée initiale. Il est aussi souhaité d’instaurer un mécanisme de revalorisation de la rente pour une retraite après 65 ans et d’augmenter l’âge maximal de participation à 71 ans (actuellement 69 ans). 

4. Les droits parentaux

Ce qu’il faut retenir de cette proposition, c’est essentiellement l’amélioration des modalités relatives à la prise de congé sans solde ou de congé partiel sans solde, à partir d’un élargissement des motifs de congés spéciaux pour les parents. Cette bonification pourrait se réaliser avec l’augmentation de la banque de congés qui inclurait les situations où de longs déplacements sont nécessaires, notamment.

5. Les disparités régionales

Ce n’est pas sorcier : les revendications reliées à cette proposition demandent de tenir compte des réalités des cégeps éloignés, que ce soit l’amélioration des dispositions par rapport aux sorties ou encore l’ajout d’une prime pour certaines régions ou localités aux prises avec des problèmes aigus d’attraction et de rétention. 

6. Autres revendications

Les détails suivront dans l’AG du 20 septembre, mais on retrouve ici certaines revendications qui concernent des sujets aussi variés que les ouvriers spécialisés, les assurances collectives, les lanceurs d’alerte, la majoration des primes et l’harmonisation des revendications de table centrale avec les autres organisations membres du Front commun. 

 

Évidemment, le succès de la démarche repose sur votre implication à travers chacune des étapes du processus de négociation, et l’AG du 20 septembre est particulièrement décisive: c’est ensemble que nous y établirons les grandes lignes de nos revendications, lesquelles seront ensuite déposées au Conseil du trésor à la fin du mois d’octobre prochain. Ce qui résultera de nos décisions dépendra de notre mobilisation, de notre détermination et de notre capacité à faire front commun. Nous sommes consultés sur les grands principes fondateurs de notre prochaine convention collective, et par la suite plusieurs éléments devront être précisés, débattus, argumentés et contre-argumentés avant d’être défendus devant la partie patronale. Et comme dans tout combat, chaque étape est cruciale et déterminante pour celles qui suivront. 

Ça commence le 20 septembre. Êtes-vous prêts?