La Soudée : pour allumer le « pouvoir agir »

Jean-Nicholas Audet, Bruno Tremblay et Sara Trottier, membres de La Soudée

 

1.   L’allumette : historique du groupe

Le 5 avril 2022, le court-métrage Donc, Socrate est mortel (2021), réalisé par Alexandre Isabelle, a été projeté à La Coudée, une initiative du département de philosophie. S’en est suivi un panel de discussion rassemblant le cinéaste, trois enseignantes et enseignants et un étudiant du cégep portant sur la conciliation entre l’engagement et l’éducation. Sur la soixantaine d’étudiantes et d’étudiants présents lors de l’activité, une vingtaine a voulu aller plus loin en participant à une discussion animée par une enseignante du département de philosophie.

L’importance d’agir à l’ère de la crise écologique et la volonté de se doter de moyens pour passer à l’action ont été au cœur des échanges. Par après, alimenté.es par un désir commun de s’engager, enseignant.es et étudiant.es ont résolu de se réunir périodiquement afin de concrétiser cette volonté. Notre groupe a pris le nom de la Soudée à la fois pour souligner l’importance d’avoir un lieu telle La Coudée comme incubateur d’initiatives et d’actions militantes, mais aussi pour insister sur l’importance des liens directs entre les humains.

Le groupe fonctionne en dehors des structures institutionnelles pour maintenir un maximum d’indépendance, de flexibilité et d’autonomie ; il fonctionne aussi sans hiérarchie afin que toutes et tous aient une juste place et que les groupes marginalisés s’y retrouvent.

D’emblée, un consensus est né autour de l’idée qu’il fallait s’attaquer de manière structurante aux causes profondes des problèmes, en évitant les solutions qui ne font que minimiser les symptômes ou qui déchargent la responsabilité sur les individus.

2.  Les flammes : nos objectifs

Au risque de paraître utopiste, le groupe est convaincu que le système économique capitaliste est à la source des problèmes. Ce qui nous paraît illusoire, c’est de penser qu’une croissance infinie est compatible avec un monde fini. Ce mythe est tenace. Tellement tenace qu’il façonne toute notre réalité et que la préservation du mythe est la plupart du temps jugée préférable à la préservation de la réalité elle-même.

Plus spécifiquement, que veut dire s’attaquer aux causes des problématiques ? Par exemple, si les étudiant.es travaillent trop, militons pour la rémunération des stages, pour la bonification des bourses, pour davantage de logements sociaux ; s’il y a trop de déchets, il faut en cesser la production à la source ; s’il y a trop d’autos à Rimouski, il faut aménager la ville pour nuire à l’automobile plutôt que faciliter son utilisation.

Comment ? Le groupe croit qu’une communauté se crée lorsque des individus se rencontrent, tissent des liens réels, prennent conscience de préoccupations partagées. Ce type de communauté devient la bougie d’allumage d’initiatives et d’actions qui mènent à des transformations assurant une société plus juste, plus égalitaire et plus durable. C’est d’une certaine façon l’avènement d’une communauté qui apprend à se définir par elle-même.

3.  Le brûlis : terreau fertile pour la culture

Le groupe la Soudée a écrit un manifeste pour présenter ses orientations, pour faire le portrait du monde que le groupe refuse et dresser celui qu’il souhaite voir advenir. Une volonté qui s’en dégage est de se retrouver en communauté après l’isolement vécu durant la pandémie : « Place à une communauté humaine organisée et forte. Il n’y a rien de mieux qu’un projet commun, car l’individualisme nous cloue les pieds au sol et nous fait ignorer le potentiel salvateur de la coopération. Place aux personnes qui se permettent de rêver. »

Pour nous ancrer dans l’action, nous avons identifié le cégep comme le lieu que nous pouvons façonner à notre échelle : « Faisons du cégep un laboratoire de l’utopie, de la décroissance et de la proximité. » La décroissance — choisie et planifiée — est ciblée comme une grande orientation. Rappelons que ce concept provient d’une remise en question de l’idée selon laquelle le pouvoir d’achat détermine le bonheur d’une société. La décroissance suppose la diminution de la production de biens de consommation et du temps de travail afin de préserver un écosystème qui permette aux humains de se concentrer sur ce qui est réellement important, à savoir la participation active à la vie politique, culturelle et communautaire. Pour ce faire, plus question d’attendre : « On n’a rien à perdre, le monde agonise déjà de toute façon. » Ainsi, « nous sommes ensemble, soudés, pour faire dévier l’effondrement. »

Dans cette lancée, le 18 novembre prochain aura lieu notre premier grand évènement : le Cabaret de la Soudée ! Il s’agit d’un cabaret voulant rassembler les gens afin de célébrer l’engagement. Lors du Cabaret, vous assisterez à des numéros variés de musique, de poésie, de conte, d’humour et de dégustation d’aliments locaux. L’évènement se déroulera à La Coudée, bien évidemment ! Des billets seront mis en vente sous peu. Parmi les autres idées qui mijotent dans nos esprits se retrouve celle d’aménager un potager sur le terrain du cégep et d’autres initiatives pour favoriser la sécurité alimentaire des étudiantes et des étudiants.

Gardez l’œil ouvert !

Vous pouvez vous joindre spontanément à nous tous les jeudis midis à La Coudée. Vous nous reconnaîtrez à notre tablée multigénérationnelle.