C’est l’temps des MED, MED, MED — Swing la bacaisse en espérant avoèr ton poste !

Yohan Proulx, applicateur de la Convention collective

 

Ça y est, Membre du SEECR. Tes souffrances achèvent !

La fin de session, que dis-je !, la fin d’année est à nos portes, et avec elle, tout un tas d’opérations qui annoncent et préparent la prochaine année, à commencer par les processus d’élaboration des scénarios de tâches et d’ouverture de postes.

Tu as sans doute été témoin du travail réalisé par ta coordination départementale pour élaborer un scénario de tâches à partir des ressources qui nous ont été allouées à la fin du mois d’avril.

Après que les tâches aient été acceptées par l’Organisation scolaire, le Service des ressources humaines se lancera dans la procédure d’ouverture des postes. Mais d’abord, qu’est-ce qu’un poste ? La réponse à cette question est quelque peu… contre-intuitive.

Contrairement à ce que le commun des mortels s’imagine lorsqu’on aborde le sujet, il n’y a pas un nombre défini de postes dans chaque département qu’il nous faut pourvoir en embauchant du personnel (ce serait bien trop simple et logique). En réalité, on en ouvre et l’on en ferme chaque année en fonction des ressources disponibles pour cette même année dans chaque département. Le poste en tant que tel n’est, en pratique, qu’une mesure objective et chiffrée pour déterminer qui a droit à une permanence à tout moment donné.

Il y a différentes manières d’obtenir une permanence, et je n’irai pas dans les détails ici (je pourrais te diriger vers le document explicatif disponible ici sur le site du SEECR). Ce qu’il faut retenir, cependant, c’est que dans la vaste majorité des cas, une personne obtient sa permanence quand, à titre de précaire, elle se fait proposer un poste alors qu’elle remplit les critères lui permettant d’obtenir sa permanence (des critères liés, notamment, à l’ancienneté et au nombre d’années d’enseignement à temps complet réalisées). Le poste est, en quelque sorte, la mèche d’allumage qui permet à ton expérience et à ton ancienneté de s’enflammer en un feu d’artifice de permanence ! Sans la poudre noire de ton ancienneté, pas de carburant ; sans la mèche du poste, pas d’ignition. (Mon image t’aide-t-elle, Membre ?)

Si un poste s’ouvre sous les pieds d’une personne remplissant les critères d’admissibilité à la permanence, c’est cette personne, et non le poste, qui devient permanente.

Je vais répéter ça lentement : ce sont les personnes qui sont permanentes, pas les postes.

C’est important pour saisir la suite…

Après avoir accepté les scénarios de tâches de chaque département, la Direction envoie les ressources nécessaires pour payer les enseignantes et enseignants à qui l’on prévoit confier une tâche. Ensuite, on compare le nombre d’enseignants permanents à la somme des ressources génératrices de postes (tâches d’enseignement et dégagements récurrents non nominatifs) envoyées dans le département. Si, par exemple, on envoie 5 ETC de ressources génératrices de postes dans un département où l’on ne dénombre que 4 enseignants permanents, alors il faut « ouvrir un poste » qui sera généralement (on reviendra sur les nuances plus tard) offert au premier précaire en liste. Si cette personne précaire ne répond PAS aux critères d’admissibilité, elle occupe une charge d’enseignement à temps plein sur poste, mais demeure précaire ; si elle répond aux critères, elle accède à la permanence, et nous n’ouvrirons plus de poste dans ce département tant et aussi longtemps que le nombre de permanents demeurera le même ou que les ressources n’augmenteront pas suffisamment pour justifier l’ouverture d’un nouveau poste (dans l’exemple que j’ai donné plus tôt, l’ouverture d’un sixième poste nécessiterait qu’on envoie au moins 6 ETC de ressources génératrices de postes).

Bon.

Là, on a parlé de quand ça va bien, et qu’on ouvre des postes… maintenant, il faut aborder l’épineuse question de quand ça va moins bien.

Revenons à l’étape d’envoyer les ressources dans les départements. En comparant la quantité de ressources (toutes ressources confondues, qu’elles soient génératrices de postes ou non) à la quantité de permanents, si l’on arrive à la conclusion qu’il n’y a pas assez de ressources pour donner du travail à chacun d’eux, alors on se retrouve face à de potentielles mises en disponibilité (l’équivalent conventionné du Bonhomme Sept Heures qui vient te ronger les orteils, la nuit, quand tu rêves aux promesses d’un emploi stable au Cégep de Rimouski).

Si, toujours à titre d’exemple, on imagine un département comptant 5 permanents où l’on n’enverrait que 4,43 ETC de ressources annuelles, alors le cinquième permanent, celui ou celle qui se retrouve le plus bas dans la liste d’ancienneté, se verrait donc déclaré « mis en disponibilité » (ou MED, pour les intimes). Ladite personne permanente bénéficie d’une protection salariale couvrant un minimum de 80 % de son salaire annuel (ce qui n’est pas si mal !), et le Collège tente alors, par tous les moyens, de combler sa tâche pour éviter qu’elle ne demeure MED en lui proposant, notamment, des cours complémentaires, des cours multidisciplinaires, des dégagements nominatifs tirés des réserves de la Direction des études et même, en dernier recours, des charges à la Formation continue et de la Reconnaissance des acquis et compétences (RAC). Tout ça parce que payer un permanent 80 % de son salaire quand il ou elle abat moins de 80 % du boulot d’une tâche complète annuelle, ça coûte cher… et ensuite, et surtout, parce qu’être MED, ce n’est pas ça le plus gros problème : le plus gros problème, c’est de le rester trop longtemps…

Chaque année, les noms des personnes MED sont transmis à un organisme appelé Bureau de placement dont le mandat est de voir s’il n’y a pas des charges à temps complet et des postes qui pourraient être confiés à ces personnes mises en disponibilité à travers le réseau. Et c’est là qu’on revient au concept que je t’avais présenté plus tôt : ce sont les personnes qui sont permanentes, pas les postes. Et non seulement ça, quand tu accèdes à la permanence dans un collège, Membre, tu es permanent.e non seulement dans ton département, mais aussi, et surtout, tu es permanent.e à l’échelle du réseau de tous les cégeps. Ce qui veut dire que… si Papa Bureau-de-Placement apprend que tu passes ton temps dans ta chambre à te « pogner le beigne » avec 80 % de ton salaire, il va te crier : « Va donc te trouver une job ! » Pis, ben, c’est là que ça peut commencer à devenir plate…

C’est que, vois-tu, un permanent mis en disponibilité pourrait, s’il le demeure trop longtemps, se voir forcé d’accepter un poste dans un autre cégep parce que le réseau, en tant que réseau tsé, veut pouvoir mettre à contribution tous les enseignants déclarés permanents, peu importe où ils se trouvent sur son territoire. Bien entendu, si tu deviens MED un an, on ne va pas te parachuter à Shawinigan immédiatement, mais sur une période de 2 ou 3 ans à être MED de façon consécutive, la zone de déplacement obligatoire grandit progressivement tant et si bien qu’après 3 ans on pourrait t’envoyer n’importe où dans le réseau (on parle ici surtout des personnes MED dans une discipline porteuse d’un programme fermé ; c’est niché, mais ça se peut).

Cela dit, en dehors de l’obligation de déplacement qui élargit progressivement sa sphère d’influence, une personne MED bénéficie aussi d’une priorité pour accéder à des postes ouverts dans d’autres collèges si elle désire se déplacer volontairement. Ce sont là les quelques nuances que j’avais évoquées plus tôt en abordant la question des priorités qui s’appliquent quand vient le temps d’offrir un poste à quelqu’un ! Les personnes MED, malheureusement ou heureusement (ça dépend du point de vue), sont absolument prioritaires par rapport aux précaires parce que, justement, les personnes MED sont déjà permanentes aux yeux du Bureau de placement et du réseau des Cégeps.

Voilà pourquoi au moment d’ouvrir un poste dans ton département, le Collège de Rimouski informe le Bureau de placement pour voir si quelque MED que ce soit, ailleurs dans le réseau, veut ou doit se déplacer pour venir occuper ce poste… le cas échéant, en passant devant tous les précaires qui attendent très patiemment leur tour depuis belle lurette.

Si tu désires plus d’informations détaillées sur les nombreuses modalités qui s’appliquent à un permanent MED, je te recommande chaudement le « Guide mise en disponibilité FEC » dans la section « Convention collective » du site internet du SEECR !

Il y a, dans ce document, PLEIN d’éléments tout aussi techniques que pertinents dont nous n’avons ni le temps, ni l’énergie, ni la détermination d’explorer ici (Tu penses que j’le vois pas, han ?, ton troisième onglet de navigation sur la gauche, dans le haut de ton Google Chrome, dans lequel tu magasines tes chalets pour le mois de juillet ? Ben oui, j’le vois, pis j’te juge pas.).

Notamment, nous ne sommes même pas passés proche d’aborder le recyclage d’une discipline à l’autre ou d’un emploi à l’autre, le report de déplacement ou même le droit de retour, qui ne sont que quelques exemples des options qui s’offrent aux personnes MED !

Je t’invite donc, un jour où lire 20 pages de résumés d’articles de convention collective ne sera PAS l’option la plus mortelle pour occuper temps (on va se le dire, ça prend un spécial de type de journée) à parcourir le guide de la FEC, à tenter de reconnaître des éléments qui te rappellent ta situation particulière et à noter toutes les excellentes questions que tu pourrais venir poser à tes dévoués applicateurs de Convention collective !

En attendant, si tu en as le luxe, ne pense plus à ça… et retourne magasiner tes chalets, ciboulette !