Un peu plus tôt cette année, lors d’un conseil général de la CSQ, le dossier de l’accès à l’eau potable pour les populations du nord du Québec nous a été présenté et je dois admettre que j’ai trouvé la situation scandaleuse. Nous en entendons parler parce que du personnel syndiqué œuvrant dans les établissements scolaires de cette vaste région ne peut tout simplement pas accéder à de l’eau potable (telle que nous la connaissons au Sud) tant en milieu professionnel qu’à domicile. On se contente de leur distribuer des bouteilles et l’eau utilisée pour l’hygiène et les tâches ménagères n’est pas toujours potable.
Pour la plupart d’entre eux, ce ne sera d'anecdotique puisque plusieurs de ces personnes ne demeurent dans le Nord que pour une période de temps limitée, mais nous oublions évidemment la population qui, elle, reste derrière. Les membres des Premières Nations sont donc à nouveau négligés parce qu’ils habitent loin de notre regard et que leur réalité nous est tout simplement insaisissable. Le manque de financement, le manque d’intérêt politique et les préjugés font en sorte que les gouvernements successifs n’ont accordé que très peu d’importance à ces régions, si ce n’est pour l’exploitation des ressources naturelles dont elles sont riches.
Par ailleurs, ces problèmes en approvisionnement sont qualifiés de récurrents par un médecin travaillant dans la région, comme en fait foi l’article suivant paru le 14 mai dernier:
En prenant soin de consulter le site internet du ministère de l’Environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (porté par l’illustre obscurantiste Benoit Charette), il nous est possible d’obtenir des informations assez inquiétantes en ce qui concerne l’accès à l’eau potable pour les personnes vivants au nord du 55e parallèle. Le gouvernement évoque principalement les conditions climatiques difficiles et la présence de pergélisol pour expliquer l’absence d’infrastructures hydriques répondant à des normes de qualité minimales. Ces populations sont donc le plus souvent contraintes de s’alimenter auprès des eaux de surface (ruisseaux, lacs et rivières) et s’exposent évidemment à des risques de contamination accrus. Sans parler du fait que ces cours d’eau sont susceptibles de geler en hiver et de complètement s’assécher en période estivale. Il faut donc le plus souvent multiplier les points d’accès, perturbant ainsi les écosystèmes liés à de multiples cours d’eau environnants. L’alimentation s’effectue par camion-citerne et notons que 3 des 14 villages nordiques desservis ne procèdent même pas à la chloration de l’eau avant sa consommation.
Il y est également question des eaux usées et de l’absence de toute installation sanitaire à proprement parler. Dans la plupart des cas, les eaux usées sont pompées quotidiennement par un camion-citerne qui va les déverser, sans traitement, à l’extérieur des villages dans une fosse improvisée ou encore directement sur le sol. Ces pratiques sont évidemment nuisibles pour l’environnement et augmentent significativement le risque de contamination des eaux potables avoisinantes.
Notre gouvernement vient de déposer le projet de loi n° 89 pour soi-disant protéger le bien-être de la population en limitant notre droit fondamental de manifester. Ne soyons pas dupes, ce sont les activités économiques que le gouvernement souhaite d’abord et avant tout protéger avec une offensive de la sorte. Donner accès à de l’eau potable de qualité et veiller au traitement des eaux usées pour l’ensemble de la population du Québec, sans regard à sa situation géographique, voilà un bien meilleur moyen d’assurer le bien-être des Québécoises et des Québécois.